OPÉRATION DE POLICE
LE 21 MAI 1944
AU DRESNAY EN LOGUIVY-PLOUGRAS




Lucien AUGEL fils

Lucien AUGEL père

Robert AUGEL

Armand BESCOND
Jérôme GEORGELIN

Yves LE BOULCH

Léon LEROUX

Théophile OMNES
Henri PENENHOAT
Auguste PERSON
François PERSON

Yves TOUDIC
Le 21 mai 1944
Le village du Dresnay en Loguivy-Plougras et ses environs sont isolés et encerclés à l'aube par des centaines de militaires allemands (certains avancent le nombre de plus d'un millier de soldats et miliciens, 14 autocars de couleur bleue ont été dénombrés : "il y avait des Allemands et des miliciens partout" c'est la phrase qui revient le plus souvent) des unités de la wehrmacht de la 266e DI, le SD (Gestapo) et comprend des éléments de la milice de Vichy et des miliciens autonomistes bretons, secondés par les feldgendarmes de Plouaret.
L'équipement qui accompagne cette troupe est impressionnant : toutes sortes d'armes et de matériels, automobiles, camions, chariots... et des chiens.
Tous les hameaux et la campagne autour du Dresnay sont passés au crible, il est possible de pénétrer dans cette zone, mais il est impossible d'en sortir.
Madame LE GUYADER qui habite à côté de la chapelle du Dresnay se souvient de voir "un mur" de soldats allemands autour des champs qui entourent sa maison.
De nombreux habitants sont arrêtés et rassemblés dans la cour de l'école communale du hameau, certains sont relâchés après un interrogatoire et un contrôle d'identité.
Treize d'entre eux sont maintenus en état d'arrestation, ils sont interrogés de la manière la plus brutale et bestiale dans l'une des classes de l'école, les habitants du Dresnay entendent les cris de ces malheureux.
Parmi ces tortionnaires, plusieurs parlent le breton et portent un uniforme noir, ils accomplissent leur sale besogne sous la surveillance des militaires allemands.
A la suite de ces arrestations les troupes d'occupation se livrent à de nombreux vols dans trente endroits différents, le maire Jean-Marie Corlay, nommé par Vichy, conseiller départemental, ancien notaire qualifiera ces pillages de chapardage ! Elles s'emparent de beurre, lard, vin, liqueur, andouille, pain, panne, porc, pétrole, vélos, œufs, économies... et on assiste à des scènes de pillages.
De nombreux habitants sont mis à contribution pour fournir la nourriture et préparer les repas des tortionnaires pillards, Madame LE GUYADER est emmenée chez les BESCOND le commerce du Dresnay pour éplucher des pommes de terre, des poulets sont tués puis cuits à la boulangerie de Jean QUERE au Dresnay, le tout sous la pression permanente des allemands et de leurs complices. Les repas sont servis chez les familles PENNEHOAT (forgeron) et BESCOND (commerçant) au Dresnay.
Aucune des treize personnes arrêtées n'est connue pour sa participation à la Résistance.
Tous les habitants du secteur sont persuadés qu'il s'agit d'une dénonciation, car les Allemands et leurs supplétifs étaient bien renseignés sur les habitudes de chaque famille.
Dans le secteur vivent plusieurs personnages troubles sans qu'il soit possible de mettre un nom sur un quelconque d'entre eux comme étant l'instigateur de cette dénonciation.
On a parlé aussi de toile d'un ballon captif (ballons chargés de faire tomber les avions Alliés allant ou revenant de Lorient lors des opérations de bombardements) récupérée et utilisée par certains.
Les treize malheureux quittent en camion dans la soirée le Dresnay en direction de Plougonver pour se rendre à Guingamp où ils passeront neuf jours à la maison d'arrêt. D'après les témoignages de Jean QUERE et de François PERSON seuls rescapés ils étaient enfermés dans une pièce, les repas leur étaient servis en entrebâillant la porte, à aucun moment ils ont pu voir les visages de leurs gardiens et à aucun moment ils ont entendu parler en allemand, par contre le breton était la langue la plus utilisée par leurs geôliers.
Le maire Jean-Marie Corlay est sollicité par les familles afin d'intervenir auprès des autorités d'occupation, il refuse d'entreprendre cette démarche qui dans d'autres exemples fut déterminante pour faire libérer ses administrés, la population scandalisée par son attitude lui marquera son mécontentement en lui ôtant lors des cérémonies de la Libération son écharpe de maire.
Le 30 mai 1944, ils quittent la maison d'arrêt de Guingamp pour Rennes où ils sont internés au camp Marguerite, qui est un camp de regroupement avant le départ vers d'autres camps ou prisons de la région parisienne (Romainville, Compiègne, Fresnes..) :
Lucien AUGEL, père ; Lucien AUGEL, fils ; Robert AUGEL ; Armand BESCOND ; Jérôme GEORGELIN ; Yves Marie LE BOULCH ; Léon LEROUX ; Théophile OMNES ; Henri PENNEHOAT ; François PERSON ; Auguste PERSON ; Yves TOUDIC et Jean QUERE.
Jean QUERE, adjoint au maire à Loguivy-Plougras et boulanger au Dresnay, il est né le 4 novembre 1878 à Loguivy-Plougras, veuf avec trois enfants dont un est prisonnier de guerre en Allemagne, c'est un ancien combattant de 1914-1918. Il sera libéré de Rennes le 15 juillet 1944 du fait de son âge avancé et de son mauvais état de santé, il reviendra à pieds de cette ville jusqu'à Loguivy-Plougras, chaussé de sabots, il arrivera à la maison les pieds en sang.
Les douze autres quittent Rennes le 28 juin 1944 par le train en direction de Compiègne dans l'Oise, ils attendent dans ce camp la formation d'un convoi devant les emmener dans un camp de concentration en Allemagne.
François PERSON trop affaiblit par la maladie (il est atteint de la tuberculose) pour être envoyé travailler en Allemagne pour la machine de guerre nazie sera libéré de Compiègne et retrouvera sa terre natale, mais il décédera le 24 novembre 1944 à son domicile.
Les onze autres quittent Compiègne pour l'Allemagne, le trajet durant en moyenne selon les convois quatre jours à cent personnes debout dans des wagons à bestiaux, sans nourriture et sans boisson, en absence de toute hygiène, avec l'impossibilité de s'allonger, beaucoup n'arriveront pas à destination sombrant parfois dans la folie. A la descente des wagons en Allemagne l'accueil se faisant sous les coups, les hurlements des SS et des chiens.
Tous sont envoyés dans différents kommandos dépendants du camp central de concentration de Neuengamme en Allemagne près de Hambourg.
Jérôme GEORGELIN périra le 3 mai 1945 dans la Baie de Lübeck au large de Neustad, embarqué de force après l'évacuation du camp de concentration de Neuengamme près de Hambourg sur le paquebot "Cap Arcona", les Alliés bombarderont ce navire croyant qu'il s'agit d'un navire transportant des allemands. De nombreux déportés périront noyés dans cette mer glacée, la mer Baltique.
Les corps de Lucien AUGEL père, Yves LE BOULCH et de Auguste PERSON reposent au cimetière du Struhtof (1) dans les Vosges aux côtés d'autres déportés dont les corps ont été rapatriés dans ce mémorial en provenance de différent camps de concentration.
Le corps de Henri PENNEHOAT repose dans le cimetière de Osterholz auprès de 1366 autres victimes.
Cette rafle se situe dans une longue série d'opérations de police sur le secteur :
- Callac-de-Bretagne le 9 avril 1944 (4 fusillés et 17 morts en déportation).
- Loc-Envel et La Chapelle-Neuve le 13 avril 1944 (5 fusillés et 1 mort en déportation).
- Plouaret, Le Vieux-Marché et Trégrom le 24 avril 1944 ( 7 fusillés).
- Belle-Isle-en-Terre le 5 mai 1944 (1 mort en déportation).
- Maël-Pestivien le 16 mai 1944 (2 fusillés et 2 morts en déportation et 2 massacrés sous la torture).
- Le Dresnay en Loguivy-Plougras le 21 mai 1944 (11 morts en déportation).
- Plounévez-Moëdec le 14 juin 1944 (3 massacrés et un mort en déportation).
- Trébrivan le 28 juin 1944 (11 morts en déportation)...
Cette rafle du Dresnay désorganise complètement la vie de certaines familles, Paul PENNEHOAT qui rêvait de faire des études est contraint de remplacer à 15 ans son frère Henri à la forge, on doit adapter l'enclume et un marteau à sa taille d'adolescent.
Soixante ans après, les marques de souffrance sont toujours ressenties, et chacun s'interroge sans pouvoir répondre :
- Qui ?
- Pourquoi ?
(1) : le Struhtof était le seul camp de concentration et d'extermination implanté sur le sol Français, il est ouvert au public pour en visiter les installations.

Témoignage de la famille d'Armand BESCOND
Armand BESCOND par curiosité voyant se déployer une telle quantité de soldats allemands croit en une manœuvre militaire, il observe la scène sur le pas de la porte du commerce que tient sa famille au bourg du Dresnay, il est interpellé et dirigé vers l'école.
François OMNES, frère de Théophile demeurant le Pantou est contraint de rejoindre Le Dresnay sous les coups de crosses de fusils durant les 2 km de la route menant au Dresnay.
Jérôme GEORGELIN travaille toute la semaine en dehors de Loguivy-Plougras, il est arrêté alors qu'il vient passer le samedi et le dimanche à la maison à Kergelven. Les Allemands iront directement dans sa chambre, apportant ainsi la preuve qu'ils étaient bien renseignés.

Témoignage de la famille de Yves LE BOULCH
A l'arrivée des Allemands chez les LE BOULCH au manoir du Dresnay, la sœur de Yves prépare le manger des cochons, elle demande à son frère Yves de porter ce repas à la crèche et lui dit en breton désignant discrètement du regard un Allemand : "donnes-en à celui-ci en même temps", malheureusement celui qui porte l'uniforme est un breton passé au service des Allemands.
Comme tous les matins, Yves amène les chevaux à l'abreuvoir, à son retour il est arrêté et envoyé à l'école rejoindre les autres personnes arrêtées, son père tente de partir aux champs avec une faux sur l'épaule il est empêché.

Témoignage des sœurs de Yves TOUDIC
Vers 5 heures du matin le 21 mai 1944 au lever du jour, une partie de la famille TOUDIC commence une journée de travail. Rien ne laisse penser de la suite tragique des événements.
Brutalement de nombreux camions déversent un nombre impressionnant de militaires allemands mais aussi de miliciens vêtus de grand cirés noirs et portant des bérets de la même couleur, ainsi que des chiens, il en arrivent de partout.
La famille TOUDIC est composée des parents et de huit enfants dont cinq filles.
Les membres de la famille TOUDIC présents assistent à un ratissage serré et systématique du secteur.
Il y avait des Allemands et des miliciens partout dans les champs hurlant et provoquant l'aboiement de leurs chiens.
Les occupants aidés des traites miliciens pénètrent dans la ferme, Pierre TOUDIC le père de famille est arrêté et envoyé sous bonne garde à l'école publique du Dresnay, interrogé il sera relâché sans avoir été maltraité, mais avouera avoir eu très peur. D'après ce qu'il a vu, les personnes arrêtées étaient debout sur une file dans la cour de l'école en vue d'être triées.
Le fils aîné de la ferme Yves TOUDIC dormait dans le grenier d'une grange voisine, sa mère prétextant un travail s'est approchée discrètement de l'endroit et lui a conseillé de ne pas bouger et de rester caché dans cet endroit, il lui répondit : "vas t'en !".
Pendant ce temps les miliciens effectuaient une fouille systématique de la maison, vidant les affaires des armoires des chambres, bousculant tout sur leur passage, hurlant en vue visiblement d'affoler la famille TOUDIC.
Yves TOUDIC se sentant peut-être menacé dans sa cache prit la fuite pour aller rejoindre son grand copain Lucien LE MAGOUAROU qui habite non loin de Port-an-Goff à Roz-an-Goff en Loc-Envel, il sera arrêté dans des conditions non connues, puis il rejoindra les autres personnes arrêtées à l'école du Dresnay.

Témoignage des sœurs de Léon LEROUX
Depuis 6 ou 7 heures les Allemands étaient partout, Léon se croyant à l'abri d'une arrestation car en règle par rapport à sa situation conseilla à ses frères de partir, l'un alla se cacher dans les bois, l'autre fut arrêté envoyé à l'école, il fut libéré après un contrôle de son identité.
Les Allemands pénètrent directement dans la maison comme s'ils étaient renseignés, Léon faisait sa toilette, il n'eut pas le temps de la terminer, le visage à moitié rasé il est arrêté ainsi et conduit à l'école sans trop d'appréhension, ses sœurs gardent en mémoire le sourire qu'il leur adressa.

Autres faits vécus
- A l'époque, tous les dimanches une petite messe était célébrée à la chapelle du Dresnay. Le dimanche qui suivi la rafle, soit le 28 mai 1944, ce jour là il y avait plus de monde que d'habitude à assister à l'office religieux, les gens espérant sans doute des informations nouvelles quant au sort réservé aux personnes arrêtées et voulant sans doute exprimer leur solidarité envers les familles. Lors de son intervention le prêtre de l'époque eut des propos qui choquèrent la population : "au moins la rafle aura eut le mérite de faire revenir les paroissiens à l'église".
- A la Libération le maire de l'époque fut destitué, c'est sous la contrainte d'un résistant FTP instituteur au bourg de Loguivy-Plougras Robert LE GROUIEC qu'il signa de façon rageuse sa démission.
- Jean PRIGENT, ouvrier agricole chez la famille LE GUYADER au Dresnay réussit à se cacher dans le râtelier de l'écurie, il échappera ainsi à l'arrestation.
- A Pen-an-Nec'h, habite la famille AUGEL, père et fils, ils ont déjà été arrêtées le 11 mai 1944, conduits à La Pépinière en Plouaret et libérés le 15 mai 1944.
- Une autre famille demeure à Pen-an-Nec'h, les FERCOQ, les Allemands fouillent partout dans la maison, même dans la farine. Jeanne la jeune fille de la maison cache la clef de l'armoire pensant éviter le vol des économies, un Allemand lui pointe le canon de son fusil sur la poitrine l'obligeant à remettre la clef, les pillards s'emparent alors des économies.


AUGEL Lucien, Alexandre, Marie
Né le 5 mai 1898 à Loc Envel, cultivateur, arrêté à son domicile à Pen-an-Nech.
Fils de Guillaume AUGEL, laboureur et d'Anne LIBOUBAN, ménagère.
Il épousa Anne, Marie SCRIGNAC, le 22 novembre 1920 à Loc-Envel.
Interné à Compiègne dans l'Oise, déporté au camp de concentration de Neuengamme près de Hamboug en Allemagne à partir du 31 juillet 1944, kommando de Husum, matricule 40361, décédé le 13 novembre 1944 à Husum (port sur la mer du Nord, à 60 km à l'ouest de Kiel). Inhumé au Struthof dans le Bas-Rhin, carré H, rangée 2, tombe numéro 21.

AUGEL Lucien, fils
Né 12 octobre 1921 à Loc Envel, cultivateur, arrêté à son domicile à Pen-an-Nech.
Fils de Lucien AUGEL et de Anne, Marie Scrignac.
Interné à Compiègne dans l'Oise, déporté au camp de concentration de Neuengamme près de Hamboug en Allemagne à partir du 31 juillet 1944, kommando de Husum, matricule 40359, décédé en 1944 à Husum (port sur la mer du Nord, à 60 km à l'ouest de Kiel).

AUGEL Robert
Né 16 novembre 1926 à Loc Envel, cultivateur, arrêté à son domicile à Pen An Nech.
Fils de Lucien AUGEL et de Anne, Marie Scrignac.
Interné à Compiègne dans l'Oise, déporté au camp de concentration de Neuengamme près de Hamboug en Allemagne à partir du 31 juillet 1944, kommando de Husum, matricule 40360, décédé en 1944 à Husum (port sur la mer du Nord, à 60 km à l'ouest de Kiel).

BESCOND Armand
Né le 8 août 1925 à Loguivy-Plougras, cultivateur, la famille tient un petit commerce, arrêté à son domicile au Dresnay.
Fils d'Auguste, Joseph, Marie BESCOND, cultivateur et de Jeanne, Marie CALLAREC, ménagère.
Interné à Compiègne dans l'Oise, déporté au camp de concentration de Neuengamme près de Hamboug en Allemagne à partir du 31 juillet 1944, kommando de Husum, matricule 40367, décédé le 30 novembre 1944 à Husum (port sur la mer du Nord, à 60 km à l'ouest de Kiel).

GEORGELIN Jérôme, Léon, Marie
Né le 8 mai 1919 au Dresnay en Loguivy-Plougras, cultivateur, ayant demeuré à Kervatahan en Plougonver.
Fils de Théophile GEORGELIN, cultivateur et de Marie, Françoise HILLION, ménagère.
Engagé dans la Marine Nationale il vécut les événement de Mers-el Kebir près d'Oran en Algérie le 3 juillet 1940 sur le cuirassé "Le Strasbourg", démobilisé il rentra chez lui, arrêté à son domicile à Kerguelven.
Interné à Compiègne dans l'Oise, déporté au camp de concentration de Neuengamme près de Hamboug en Allemagne à partir du 31 juillet 1944, kommando de Meppen Versen (entreprise de constructions dans le secteur de Hanovre), matricule 40363, décédé le 3 mai 1945 à Neustadt lors du trajet menant les déportés vers les ports de la mer Baltique pour être embarqué sur le paquebot le Cap-Arcona.

LE BOULC'H Yves Marie
Né le 23 juin 1926 à Lohuec, cultivateur, célibataire, arrêté à son domicile à Pont-ar-Goff.
Fils de Guillaume, Marie LE BOULC'H, cultivateur et de Marie LE RAZ née en 1898 à Plougonver.
Interné à Compiègne dans l'Oise, déporté au camp de concentration de Neuengamme près de Hambourg en Allemagne à partir du 31 juillet 1944, matricule 40365, kommando Kaltenkirchen (base aérienne), décédé le 23 janvier 1945 à Kaltenkirchen. Inhumé au Struthof dans le Bas-Rhin, carré B, rangée 2, tombe numéro 38.

LE ROUX Léon, Marie
Né le 2 février 1915 à Kerdual en Loguivy-Plougras, cultivateur, arrêté à son domicile de Beg-an-Roc'h au Dresnay.
Fils de Guillaume, Jean, Marie LE ROUX, cultivateur et de Marie, Joséphine LE JAN, ménagère.
Interné à Compiègne dans l'Oise, déporté au camp de concentration de Neuengamme près de Hambourg en Allemagne à partir du 31 juillet 1944, porté disparu.

OMNES Théophile, Marie
Né le 4 octobre 1912 à Loc Envel, cultivateur, arrêté à son domicile au Panthou.
Fils de Claude OMMES, laboureur et de Marie, Perrine CALVEZ, ménagère.
Interné à Compiègne dans l'Oise, déporté au camp de concentration de Neuengamme près de Hambourg en Allemagne à partir du 31 juillet 1944, porté disparu.

PENNEHOAT Henri

Né le 22 février 1926 à Loguivy-Plougras, forgeron, la famille tient un petit café, soutien de familles avec 5 enfants, arrêté à son domicile au Dresnay.
Fils d'Yves PENNEHOAT et de Jeanne, Marie LUCAS, ménagère.
Interné à Compiègne dans l'Oise, déporté au camp de concentration de Neuengamme près de Hambourg en Allemagne à partir du 31 juillet 1944, kommando Brême, matricule, matricule 39774, décédé le 26 février 1945 à Brème Farge en Allemagne, inhumé au cimetière d'Osterholz contenant 1367 victimes.

PERSON Auguste, Eugène
Né le 12 juin 1919 à Kerniou en Plounévez-Moëdec, cultivateur, arrêté à son domicile à Kerguelven, frère de François PERSON.
Fils de François, Marie PERSON, cultivateur et de Marie, Françoise LAURENT, ménagère.
Interné à Compiègne dans l'Oise, déporté au camp de concentration de Neuengamme près de Hambourg en Allemagne à partir du 31 juillet 1944, kommando Kaltenkirchen (base aérienne), matricule 39669, décédé le 28 janvier 1945, inhumé au Struthof dans le Bas-Rhin, carré B, rangée 4, tombe numéro 74.

PERSON François

Né le 21 janvier 1924 à Loguivy-Plougras, cultivateur, arrêté à son domicile à Kerguelven, frère d'Auguste PERSON.
Fils de François, Marie PERSON, cultivateur et de Marie, Françoise LAURENT, ménagère.
Interné au camp de Compiègne dans l'Oise trop faible physiquement et malade pour être envoyé dans un camp travailler pour la machine de guerre nazie il est libéré, il reviendra au Dresnay et décédera quelques semaines plus tard à son domicile le 24 novembre 1944.

TOUDIC Yves
Né le 15 janvier 1923 à Loguivy-Plougras, cultivateur, arrêté à son domicile à Pont-ar-Goff.
Fils de Pierre, Marie TOUDIC, cultivateur et de Jeanne, Marie MOYSAN, ménagère née en à Plougonver.
Interné à Compiègne dans l'Oise, déporté au camp de concentration de Neuengamme près de Hambourg en Allemagne à partir du 31 juillet 1944, kommando Drutte Watenstedt (usines de Hermann GOERING), matricule 39670, décédé le 23 décembre 1944.
Département
des Côtes-du-Nord
---------------------------
Arrondissement
de Lannion
---------------------------
Canton
de Plouaret
Mairie de Loguivy-Plougras

le 25 mai 1944

Monsieur le Secrétaire Général

J'ai l'honneur de vous informer que dimanche dernier 21 mai courant, de la troupe d'occupation comprenant la feldgendarmerie de Plouaret et environ 500 soldats allemands munis d'armes de toutes sortes, de mitraillettes, d'automobiles, de camions et de chariots se sont rendus entre 6 et 7 heures du matin au hameau Le Dresnay et dans les villages de Kerguelven, Kerangludic, Le Voeu, Pen-an-Nech, Pors-an-Bras...

Elles auraient d'abord ramassé 13 hommes, savoir :
LE ROUX Léon ; LE BOULC'H Yves ; PERSON Auguste ; PERSON François ; OGEL Lucien (père) : OGEL Robert ; OGEL Lucien (fils) ; PENNEHOAT Henri ; BESCOND Armand ; GEORGELIN Jérôme ; OMNES Théophile ; TOUDIC Yves et Jean QUERE conseiller municipal, boulanger au hameau du Dresnay âgé de 65 ans, et chapardé ensuite, avec menaces, chez les fermiers dont les noms suivent, les denrées, boissons et objets ci-après :

noms
demeurant
vols
Mr Jean LE BAIL Le Vœu
Loguivy-Plougras
5 kg de lard
Mr Yves PRIGENT Le Voeu
Loguivy-Plougras
8 kg de lard
8 andouilles
6 litres de vin
5 livres de pain
800 frs environ
Mr Théophile LE CAM Le Vœu
Loguivy-Plougras

9 000 frs
10 kg de lard
5 kg de panne de porc
pain, beurre...
Mr François AUFFRET Kerguelven
Loguivy-Plougras
15 kg de lard
1 andouille
cidre
Mr Jacques BREJEAN Kerguelven
Loguivy-Plougras
8 kg de lard
beurre
pétrole pris pour du cognac
Mr Théophile LE GALL Kerguelven
Loguivy-Plougras
2 kg de lard
2 andouilles
beurre
Mr François PERSON Kerguelven
Loguivy-Plougras
7 kg de lard
4 andouilles
10 kg de pain
2 000 frs
Mr Théophile GEORGELIN Kerguelven
Loguivy-Plougras
8 kg de lard
1 bouteille de liqueur
3 litres de vin fin
Mlle Marie ANDRE Kerguelven
Loguivy-Plougras

2 kg de lard
1 kg de pain
cidre

Mme Veuve Yves PERSON Kerguelven
Loguivy-Plougras
500 g de lard
10 litres de cidre
beurre, sucre, pain
lunettes or
250 frs
Mr Louis LE ROY Kerguelven
Loguivy-Plougras
13 000 frs
7 litres de vin
20 kg de lard
12 livres de pain
Mr Jean MAGOAROU Kerguelven
Loguivy-Plougras
une demie barrique de cidre
Mr Yves MAGOAROU Kerguelven
Loguivy-Plougras
15 kg de lard
1 500 frs
Mr Alphonse FAUCHEU Kerguelven
Loguivy-Plougras
5 kg de lard
3 kg de pain
1 kg de beurre
cidre
Mr Yves GUILLOSSOU

Kerguelven
Loguivy-Plougras

80 kg de lard
4 andouilles
5 kg de pain
5 kg de panne
Mr François ROUXEL Kerguelven
Loguivy-Plougras
2.5 kg de lard
4 litres de vin
Mr Joseph FERCOQ Pen-an-Nech
Loguivy-Plougras
12 490 frs
pain, lard
Mr Lucien OGEL Pen-an-Nech
Loguivy-Plougras
8 200 frs
3 kg de lard
4 andouilles
3 livres de beurre
5 litres de vin
cidre
Mme Marie LE BOULANGER Kerangludic
Loguivy-Plougras
3 livres de lard
Mr François ROCHE Kerangludic
Loguivy-Plougras
2 kg de lard
4 kg de pain
Mr Pierre THEPAULT Pors-an-Bras
Loguivy-Plougras
12 kg de lard
40 litres de cidre
Mr Guillaume LE BOULCH Le Dresnay
Loguivy-Plougras
30 kg de lard
10 000 frs
Mme Marie CHEQUER Le Dresnay
Loguivy-Plougras
30 kg de lard
3 douzaines d'œufs
30 litres de cidre
Mr Eugène GUYONNIC Le Dresnay
Loguivy-Plougras

20 kg de lard
pain, beurre
50 litres de cidre

Mme Auguste GUYADER Le Dresnay
Loguivy-Plougras
6 kg de lard
7 à 800 frs
1 alliance en or
Mr Guillaume LE ROUX Le Dresnay
Loguivy-Plougras
20 litres de cidre
Mme Auguste BESCOND Le Dresnay
Loguivy-Plougras
pain, beurre, lard, vin...
LACHIVER Croix-Joncourt 1 vélo de femme
Jean COCULO scierie 1 vélo d'homme

Je vous demanderais, Monsieur le Secrétaire Général, de faire tout votre possible en faveur de mes administrés, et de me tenir au courant du résultat de vos démarches.

Au nom de ces diverses familles je vous demande d'avoir l'extrême obligeance de me faire connaitre les lieux où peuvent se trouver actuellement les treize personnes que je vous ai citées plus haut.

Toujours très grippé, je dicte cette lettre de ma chambre que mon état de santé m'oblige à garder.

Veulez agréer, Monsieur le Secrétaire Général, avec mes remerciements anticipés, l'expression de mes sentiments distingués et meilleurs.

Le Maire de Loguivy-Plougras
Officier de la Légion d'Honneur


Bilan des vols commis lors de l'opération de police :
289 kg de lard,
23 andouilles,
plus de 25 litres de vin,
2 vélos,
grande quantité de beurre, de pain et de cidre,
près de 50 000 frs (salaire moyen mensuel d'un ouvrier à l'époque 800 frs)

Le monument du Dresnay en Loguivy-Plougras