Stèle
du square de la rafle du 4 juin 1944 en Perros-Guirec
Dédiée aux
victimes de la rafle ou opération de police du 4 juin 1944, organisée par
des soldats de l'armée d'occupation allemande (le S.D.) aidés par des éléments
autonomistes bretons
L'opération
de police du dimanche 4 juin 1944 à Perros-Guirec
Au petit matin, des centaines de soldats et de feldgendarmes allemands appuyés
par deux traîtres miliciens autonomistes bretons portant l'uniforme allemand encerclent
Perros-Guirec.
Ils se rendent aussi à Pleumeur-Bodou où ils assassinent
l'instituteur Jean LE MORVAN.
A Perros-Guirec, ils vont directement aux
domiciles de personnes dont ils possèdent l'identité, assas- sinant au Chemin
de la Messe Jean RIOU.
Treize résistants FTPF sont arrêtés et rassemblés
dans le restaurant du Cheval Blanc, rue des Frères Le Montréer.
Un des
autonomistes bretons se déchaîne avec une extrême violence sur les personnes arrêtées,
en particulier sur le patron du restaurant Yves LE MERRER responsable local de
la résistance qui décédera le lendemain à la felgendarmerie de Lannion, mais aussi
sur ses enfants Odette et Rémi. Avant de quitter les lieux le restaurant est pillé
et incendié.
Les douze autres personnes arrêtées sont emmenées à la maison
d'arrêt de Lannion, transférées à Rennes, puis au camp d'internement de Compiègne
dans l'Oise. Elles partiront toutes en Allemagne dans différents camps de concentration.
Dix ne reviendront jamais, seulement trois rescapés retrouveront leurs familles
(1).
Ce fut l'une des rafles les plus cruelles du département de par sa
violence et le nombre d'arrestations.
L'opération de police est la conséquence
d'une dénonciation dont l'auteur autonomiste breton sera jugé, condamné à mort
et exécuté après la Libération.
Les familles, les amis et les habitants
de Perros-Guirec n'oublieront jamais.
(1) les trois survivants : Jean
LE LANNOU, Louis MEUDEC et Jean PRIGENT.
rechercher un
nom :
La
rafle est préparée et organisée par un membre du "Kommando
de Landerneau", Hervé BOTROS, qui s'est infiltré
dans l'organisation de Résistance locale et un membre du Bezen Perrot (miliciens
bretons portant l'uniforme de la Wehrmacht),
André GEFFROY.
Les personnes arrêtées sont rassemblées
à l'hôtel-restaurant du "Cheval Blanc" tenu par la famille LE MERRER,
où elles sont affreusement battues et torturées sous la conduite
des deux autonomistes bretons.
La rafle est dirigée contre la compagnie
FTPF "Gabriel Péri" qui couvre le secteur côtier et qui mène
sous le commandement d'Yves LE MERRER, ses adjoints et quatre gendarmes de la
brigade de Perros-Guirec, une lutte active et intense contre l'occupant.
Deux
gendarmes sont arrêtés à la brigade de gendarmerie
et emmenés sous les coups jusqu'au "Cheval Blanc".
Dans notre département
ce fut l'une des rafles les plus cruelles en raison de la sauvagerie de ses auteurs.
A la suite de ces arrestations les troupes d'occupation se livrent à
de nombreux vols et pillages, incendiant aussi la maison et l'hôtel-restaurant
de la famille LE MERRER qui perd pratiquement tous ses biens, l'établissement
appartenant à Monsieur TREGOAT.
Hervé
BOTROS, sera condamné à mort à la Libération et exécuté
à Quimper, André GEFFROY, sera condamné à mort, puis
finalement gracié, il tentera de revenir dans sa commune d'origine, Lannion,
mais une intervention d'anciens résistants l'obligera à aller s'installer
dans d'autres lieux.
Jean RIOU,
né le 10 décembre 1921 à Perros-Guirec, marin, demeurant rue Anatole France à
Perros-Guirec.
Assassiné de cinq balles dans le thorax dans une villa
au Chemin de la Messe.
Jean LE
MORVAN,
né le 20 mars 1909 à Louannec, marié, deux enfants. Instituteur
et directeur de l'école publique du bourg de Pleumeur-Bodou.
Abattu
dans la cour de son école par des soldats de l'armée d'occupation
allemande guidés par un autonomistes breton du Bezen Perrot. Il était
en possession de plans de défense de la côte que les Allemands trouvèrent
dans sa classe ; il tenta de s'échapper et fut abattu dans sa fuite à
proximité de son école. Ecole
Primaire Publique Jean LE MORVAN en Pleumeur-Bodou Stade Municipal Jean
LE MORVAN en Pleumeur-Bodou
Yves LE MERRER,
né le 2 juillet 1899 à CamIez, restaurateur hôtelier du "Cheval
Blanc", responsable de la Résistance sur le secteur de Perros-Guirec.
Battu
et torturé sur place, décédé le 5 juin 1944 dans la
soirée des suites de ses blessures à la Feldkommandantur (ex Hôtel
de la Poste de Lannion et actuellement occupé par le journal Ouest-France),
son corps sera retrouvé dans une des fosses du camp d'aviation de Servel. Monument
du terrain d'aviation, Servel en Lannion
Arrêtés et décédés dans les camps de concentration
nazis en Allemagne :
Rémi LE MERRER, né le 17 janvier 1928 à Langoat, fils d'Yves LE MERRER et
frère d'Odette LE MERRER.
Interné à Compiègne
dans l'Oise, déporté au camp de concentration de Neuengamme près
de Hambourg en Allemagne à partir du 31 juillet 1944, Kommando de Hambourg
puis au Kommando de Wilhemshaven, entreprise Phrix (marine de guerre), matricule
39721.
Lors de l'avance des troupes soviétiques, à Agen, entre
Hambourg et Brême en Allemagne, le 13 avril 1945, les prisonniers de son
camp sont déplacés, un avion anglais mitraille la colonne dans laquelle
il se trouve. Croyant qu'il s'agissait de soldats allemands, Rémi LE MERRER
sera le seul à être tué dans la colonne.
Odette LE
MERRER, née le 17
avril 1923 à Saïgon en Indochine, fille d'Yves LE MERRER, travaille
chez son père à l'hôtel-restaurant. Déportée
au camp de concentration de Ravensbrück, matricule inconnu.
Décédée
le 10 mai 1945.
Albert François
CABROLIE, né le 18
décembre 1907 à Meyssac en Corrèze, marié, trois enfants.
Après avoir travaillé chez Pathé-Cinéma à Saint-Mandé
dans la Seine, il est devenu tenancier du café - tabac le "Café
du Bourg" au 19 place de l'Eglise.
Interné à Compiègne
dans l'Oise, déporté au camp de concentration de Neuengamme près
de Hambourg en Allemagne à partir du 31 juillet 1944, Kommando de Kaltenkirchen,
matricule 40329.
Décédé entre le 4 et le 6 avril 1945
des suites d'un odème.
Jean PLUNET, né le 22 juin 1925 à Trégastel,
marin pêcheur.
Interné à Compiègne dans l'Oise,
déporté au camp de concentration de Neuengamme près de Hambourg
en Allemagne, à partir du 31 juillet 1944, Kommando de Brême Osterort,
matricule 39553.
Sans doute mort noyé lors de l'évacuation du
camp le 3 mai 1945, quelques heures avant la
libération, le paquebot "Cap-Arcona" sur lequel il est évacué
est bombardé par l'aviation anglaise,
le bâtiment coule avec plusieurs milliers de déportés à
bord dans les eaux glacées de la mer Baltique à quelques centaines
de mètres du rivage.
Aristide BONNOT, né le 14 juin 1895 à Perros-Guirec,
artisan menuisier, demeurant rue du Maréchal Joffre à Perros-Guirec.
Interné à Compiègne dans l'Oise, déporté au
camp de concentration de Neuengamme près de Hambourg en Allemagne à
partir du 31 juillet 1944, Kommando de Hambourg Freihafen, matricule 40328.
Décédé
le 29 novembre 1944.
Albert ESTIEMBRE, né le 9 janvier 1923 au Mans dans la
Sarthe, menuisier chez Aristide BONNOT, demeurant à Perros-Guirec.
Interné à Compiègne dans l'Oise, déporté au
camp de concentration de Neuengamme près de Hambourg en Allemagne à
partir du 31 juillet 1944, Kommando de Hambourg Freihafen, matricule 40822.
Décédé
le 2 décembre 1944.
Yves PRIGENT, né
le 8 avril 1884 à Trégastel, peintre en bâtiment, demeurant
Trégastel.
Interné à Compiègne dans l'Oise, déporté
au camp de concentration de Neuengamme près de Hambourg en Allemagne à
partir du 31 juillet 1944, matricule 39684, père de Jean PRIGENT.
Décédé
le 7 janvier 1945.
Auguste HAMON, né le 20 mars 1902 à Paris, gendarme
à la brigade de Perros-Guirec.
Interné à Compiègne
dans l'Oise, déporté au camp de concentration de Neuengamme près
de Hambourg en Allemagne à partir du 31 juillet 1944, Kommando de Brême
Osterort.
Epuisé il est massacré par les chiens des SS le 7 mars
1945. Plaque et stèle
de la Brigade de Gendarmerie de Perros-Guirec
François LE
JEUNE, né le 7 janvier 1892, gendarme à
la brigade de Perros-Guirec, adjudant.
Interné à Compiègne
dans l'Oise, déporté au camp de concentration de Neuengamme près
de Hambourg en Allemagne à partir du 31 juillet 1944, Kommando Brême
Osterort, matricule 39950.
Décédé le 13 mars 1945. Après
un bombardement allié, il est pris "à
subtiliser" un lambeau de couverture trouvé dans les ruines afin de se
protéger l'abdomen, souffrant de dysenterie, pour le punir il est plongé
dans un bunker rempli d'eau glacée à plusieurs reprises
jusqu'à ce que mort s'en suive. Plaque et stèle
de la Brigade de Gendarmerie de Perros-Guirec
Arrêtés
et libérés des camps de concentration en 1945 :
Jean LE LANNOU, né
le 28 mai 1920 à Saint-Quay-Perros, marin de commerce, gendre d'Yves LE
MERRER, époux de Raymonde LE MERRER.
Interné à Compiègne
dans l'Oise, déporté au camp de concentration de Neuengamme près
de Hambourg en Allemagne à partir du 31 juillet 1944, matricule 40324.
De
retour après la libération des
camps en 1945.
Louis MEUDEC, né le 31 juillet
1924 à Perros-Guirec, manoeuvre, demeurant rue du sergent L'Hévéder
à Perros-Guirec.
Interné à Compiègne dans l'Oise,
déporté au camp de concentration de Neuengamme près de Hambourg
en Allemagne à partir du 31 juillet 1944, Kommando Brême Osterort,
matricule 39509, libéré le 3 mai 1945, a vécu la tragédie
à bord du paquebot "Cap Arcona" dans la mer Baltique.
Décédé
en 2005 à Perros-Guirec, il était le dernier survivant de la rafle.
Jean PRIGENT,
24 ans, fils d'Yves PRIGENT.
Déporté au camp de concentration
du Struthof Natzwiller dans le Bas-Rhin puis évacué vers le camp
de Dachau.
De retour après la Libération des camps en 1945.